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Évaluer le marché de l’énergie dans son ensemble

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Les prix du pétrole et du gaz ont été très volatils depuis l’éclatement de tensions entre la Russie et l’Occident au début de l’année et ils sont restés sous pression avec le rassemblement des troupes russes le long de la frontière ukrainienne. Non seulement les tensions géopolitiques en Europe de l’Est ont malmené les valeurs de l’énergie, mais elles ont également renforcé les incertitudes entourant les prix des matières premières, influençant ainsi les paramètres de valorisation. Dans ce contexte, Maarten Bloemen, gérant de portefeuille et analyste au sein du Templeton Global Equity Group, pense que le cadre le plus rationnel pour investir dans ce secteur consiste à rester concentré sur les fondamentaux des entreprises au cas par cas, tout en étant conscient des tendances géopolitiques, environnementales et d’offre et de demande.

Bloeman Maarten
Bloeman Maarten

 

Maarten Bloemen, Vice-Président exécutif

Gérant de portefeuille et analyste

Templeton Global Equity Group

 

 

 L’énergie est l’un des secteurs d’activités les plus variés qui  existent à l’échelle mondiale. De ce fait, il peut être influencé par toutes sortes de facteurs transfrontaliers, environnementaux, de politique nationale, et de marché. Par conséquent, l’énergie figure parmi les secteurs les plus complexes à analyser, et en particulier les valeurs pétrolières, même avec une équipe dédiée et expérimentée, comme l’est celle du Templeton Global Equity Group.

Le prix du pétrole est déterminé à l’échelle mondiale avec quelques variations régionales et varie généralement de concert avec les prévisions du PIB. Toutefois, son prix prend également en compte l’offre et la demande mondiale d’énergie et, bien évidemment, les facteurs géopolitiques. Sur le plan géographique, de nombreux autres facteurs clés entrent en jeu. Ainsi, les États-Unis, dont la production de brut est en hausse après de nombreuses années de baisse,[1] ne peuvent actuellement exporter que des produits comme l’essence et le gazole, et non du brut. De même, des difficultés techniques spécifiques sont inhérentes à certains gisements, notamment sur le plan géophysique (extraire le pétrole et le transporter), et elles ont un impact sur le prix et la viabilité d’un projet.

 Hausse des coûts de la conformité environnementale

Le respect des réglementations environnementales constitue également une part importante de l’analyse du secteur pétrolier à l’échelle géographique ; à nos yeux, c’est une condition indispensable pour que les entreprises restent en activité. En cas de problèmes, comme il y a quelques années avec la catastrophe du Golfe du Mexique, il faut revoir toutes les méthodes de travail (les procédures de sécurité sont généralement renforcées, les autorités de contrôle augmentent leur surveillance et les normes sont durcies) et cela se traduit par des hausses des coûts d’exploitation des entreprises. En effet, les performances globalement peu reluisantes des groupes pétroliers ces dernières années s’expliquent en partie par la hausse des coûts, notamment liés à l’environnement, ainsi qu’aux matériaux, aux services et à la main-d’œuvre entre autres.

En revanche, le marché du gaz naturel est régional et reflète des variables différentes. Contrairement au pétrole qui peut être transporté à moindre coût par bateau et/ou grâce à des pipelines, il n’existe pas vraiment de réseaux de transport de gaz naturel à travers les différentes régions. Par conséquent, les prix peuvent fluctuer sensiblement selon les marchés, si bien que le gaz peut coûter plusieurs dollars de plus par BTU (British thermal units) en Europe et encore plus en Asie par rapport aux États-Unis.

 

  

Évolution des dynamiques

Les dynamiques mondiales du pétrole et du gaz évoluent. Grâce au développement de nouvelles techniques pour tirer parti de réserves auparavant inexploitées, notamment la fracturation hydraulique ou « fracking », le schiste est devenu une source de gaz naturel aux États-Unis et au Canada. Par conséquent, la production gazière a fortement augmenté en Amérique du Nord, et plus particulièrement aux États-Unis,

 

 mais compte tenu de la baisse du prix du gaz naturel liée à la hausse de la production nationale, il n’a plus été économiquement viable, pour les entreprises, de poursuivre le forage du gaz de schiste. Par conséquent, la même technologie, qui consiste à forer le sol et à injecter un mélange fluide à forte pression, a été utilisée pour extraire du pétrole de puits existants creusés dans des formations de schiste. Malgré cela, je pense que la technologie du « fracking » changera la donne et permettra aux États-Unis de devenir exportateur net d’énergie dans les années à venir.

L’Europe cherchant une alternative aux exportations russes en réponse aux événements en Ukraine, les exportations de gaz naturel américain pourraient augmenter, même si pour le gaz naturel liquide cela ne devrait pas se matérialiser avant 2017 ou 2018 selon moi.

La Russie sur la sellette

Pour prendre en compte les entreprises de toutes les régions dans notre analyse sectorielle, nous ratissons large. Cette analyse inclut donc bien évidemment la Russie, actuellement troisième producteur mondial de pétrole, et qui fournit aussi au marché européen environ 30 % de son gaz naturel.[2]

La récente escalade des tensions entre la Russie et le reste de l’Europe et les États-Unis a apporté un nouvel éclairage à cette relation énergétique. Pendant des années, l’Europe a cherché à réduire sa dépendance au gaz russe et a envisagé des solutions allant d’une utilisation accrue des énergies renouvelables au recours à d’autres sources d’approvisionnement en charbon et en gaz. Toutefois, il est par ailleurs important de se rappeler que les exportations de pétrole et de gaz génèrent un revenu non négligeable pour la Russie.

L’approche qu’emploie notre équipe pour analyser le secteur énergétique repose sur l’idée que chaque entreprise possède des fondamentaux qui lui sont propres. Bien évidemment, nous prenons également en compte les thématiques macroéconomiques, mais plutôt que d’essayer d’estimer les prix du pétrole à l’échelle mondiale et leur impact sur les entreprises via une approche top-down, nous modélisons ce que nous estimons être un prix du pétrole normalisé sur les cinq prochaines années et nous nous concentrons sur les facteurs qui, selon nous, affecteront la performance des actions de certaines entreprises, notamment leur situation géographique et les origines de leur croissance.

Valorisations faibles pour les actions pétrolières

Les prix des actions du secteur de l’énergie, notamment des compagnies pétrolières, ont relativement baissé ces dernières années. Même si ce repli peut s’expliquer par la baisse des résultats des entreprises, les coûts semblent maintenant se stabiliser et la production a commencé à s’accélérer. Les dépenses d’investissement sont également en berne. Par conséquent, à la lumière de quasiment tous les indicateurs historiques (qu’il s’agisse du rendement des dividendes ou des flux de trésorerie), nous décelons un potentiel haussier dans plusieurs groupes pétroliers européens intégrés, ainsi que parmi certains fournisseurs des services pétroliers.

Pour nous, le processus de sélection des valeurs revient à analyser une entreprise lorsque son activité connaît un changement notable, puis à comprendre sa situation, à la transposer dans un horizon de cinq ans et à définir si les actions possèdent un potentiel haussier important.

Les commentaires, les opinions et les analyses de Maarten Bloemen sont fournis à titre d’information uniquement et ne constituent pas des conseils d’investissement individuels, des recommandations à investir dans un titre ou à adopter une stratégie d’investissement particulière. Les conditions économiques et de marché étant susceptibles d’évoluer rapidement, les commentaires, opinions et analyses sont valables à leur date de publication et peuvent changer sans préavis. Ce document ne constitue pas une analyse complète des faits relatifs aux divers pays, régions, marchés, secteurs, investissements ou stratégies cités.

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Quels sont les risques?

 

Tout investissement comporte des risques, notamment celui de ne pas récupérer le capital investi. La valeur des investissements peut fluctuer à la baisse comme à la hausse et les investisseurs ne sont pas assurés de récupérer la totalité de leur mise initiale. L’investissement dans les ressources naturelles comporte des risques spécifiques, comme une sensibilité accrue à la dégradation des conditions économiques et aux changements règlementaires qui affectent le secteur. Les cours des actions sont soumis à des fluctuations, parfois rapides et importantes, en raison de facteurs affectant les entreprises individuelles et certains secteurs ou sous-secteurs, ou du fait des conditions générales de marché. Les investissements à l’étranger comportent des risques spécifiques, comme les variations des taux de change, l’instabilité économique et l’évolution de la situation politique. Les investissements sur les marchés en développement présentent d’ailleurs des risques accrus par rapport aux mêmes facteurs, en plus de ceux associés à leur taille inférieure et à leur liquidité plus limitée.



[1] Source : Agence américaine d’information sur l’énergie (EIA), (janvier 1994 – octobre 2013).

 

[2] Source : Agence américaine d’information sur l’énergie (EIA) « Today in Energy », le 14 mars 2014