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Comme l’a dit un jour le regretté John Templeton, « acheter quand le désespoir pousse les autres à vendre et vendre lorsque les autres achètent avidement demande le plus haut degré de courage et permet de récolter les meilleurs fruits ». Les marchés émergents ont justement connu des replis dus au « désespoir » des investisseurs au cours du second semestre 2013 et au début de l’année 2014, et ces derniers pourraient se demander s’il faut déjà se positionner sur ces marchés ou les éviter. Stephen Dover, Directeur général et Directeur des investissements internationaux pour la Gestion locale de Franklin Templeton, nous rappelle que même les valeurs ou marchés vedettes finissent par marquer une pause, et alors que le nombre d’investisseurs en quête de performances augmente, s’inscrivent finalement en baisse dans la majorité des cas. D’un autre côté, rester à l’écart des marchés actuellement délaissés pourrait signifier manquer des opportunités à l’avenir. Pour cette raison, entre autres, Stephen Dover pense qu’il est insensé de mettre les marchés émergents de côté, considérés actuellement comme de vilains petits canards, alors que ceux-ci pourraient se transformer en cygne blanc.

Stephen Dover, Directeur général, Directeur des investissements internationaux
Gestion locale de Franklin Templeton
En analysant les marchés internationaux et des classes d’actifs sur le long terme, on constate que les perdants d’aujourd’hui sont les gagnants de demain et inversement. Par exemple, l’Europe était clairement en difficulté au plus fort de la crise de la dette souveraine, mais a rebondi en 2012 jusqu’à être de nouveau plébiscitée par les investisseurs en 2013.
La plupart des investisseurs mettraient probablement les marchés émergents dans la catégorie des perdants au vu de leurs performances l’année dernière, mais je pense que la tendance pourrait s’inverser, et nous avons constaté des signes d’un retour des investisseurs au cours des dernières semaines. Le problème est que la plupart des investisseurs n’arrivent pas à anticiper les mouvements du marché. En effet, comment savoir à quel moment la prochaine grande rotation s’effectuera et quel marché sera concerné ?
Chez Franklin Templeton, nous adoptons principalement une approche bottom-up dans notre analyse de marché, mais cela peut signifier plusieurs choses. Il peut s’agir d’étudier les sociétés individuelles, mais également d’adopter un point de vue local pour remonter aux causes profondes des divergences de performance entre les différents pays en se basant sur plusieurs facteurs.
Lors de nos recherches d’opportunités, nous avons constaté que l’analyse des flux de capitaux actuels est l’une des plus mauvaises manières de prédire la performance future d’un marché, les liquidités ayant tendance à suivre ou arriver après la performance. Certains observateurs considèrent la croissance économique comme un facteur prédictif fiable sur le plan géographique, mais même s’il était possible d’anticiper la performance économique des pays individuels, cela n’implique pas forcément qu’il y aura une corrélation positive directe avec la performance de leurs marchés boursiers, du moins à court terme. Le pays affichant le taux de croissance le plus élevé n’est pas automatiquement celui dont le marché actions enregistre les meilleures performances. Par exemple, les marchés actions ayant enregistré les meilleures performances (en USD) au cours de l’année 2013 ont été pour la plupart ceux des pays affichant les taux de croissance les plus bas.
Adopter une stratégie d’investissement impopulaire
De manière générale, nous adoptons justement une approche bottom-up en raison de la difficulté à faire des prédictions sur la base des tendances macroéconomiques, bien que celles-ci fassent partie intégrante de notre analyse. La Groupe chargé de la gestion locale de Franklin Templeton examine en profondeur les sociétés qui n’intéressent pas forcément les autres investisseurs. La gestion locale fait référence aux investissements stratégiques réalisés par Franklin Templeton dans des sociétés de gestion locales de par le monde afin de bénéficier de l’expertise de professionnels de l’investissement et des services financiers, qui connaissant parfaitement leurs marchés domestiques. À l’heure actuelle, la société a géré et distribué des produits en Australie, au Brésil, au Canada, en Chine, au Mexique, au Moyen-Orient et en Afrique du nord, ainsi qu’en Europe, en Inde, au Japon, en Malaisie, en Corée du sud, au Vietnam et au Royaume-Uni.
Nous avons constaté que le conte du vilain petit canard peut souvent être transposé aux marchés internationaux. Ce qui est impopulaire à un moment donné, devient souvent plébiscité par la suite. En effet, l’Europe représentait le vilain petit canard au plus fort de la crise souveraine il y a quelques années, et c’est à ce moment-là que nos gérants Actions internationales se sont positionnés sur le marché, notamment sur les secteurs bancaires et financiers, qui étaient délaissés par la plupart des investisseurs. Nous nous sommes non seulement intéressés à l’Europe en général, mais aussi aux entreprises locales. La plupart des investisseurs dans la région affirmaient alors que si vous deviez investir, il fallait privilégier les multinationales domiciliées en Europe qui offrent une exposition moindre à la zone en général. Toutefois, nos gérants ont adopté une autre stratégie. Tout en sachant que l’Europe ne connaîtrait que peu ou pas de croissance à court terme, nous avons identifié de nombreuses sociétés locales tournées vers leurs marchés intérieurs avec des valorisations très attractives. Nous avons globalement privilégié les capitalisations plus petites (potentiellement moins connues) qui réalisent une part importante de leur chiffre d’affaires en Europe.
La région MOAN (Moyen-Orient et Afrique du Nord) n’intéressait également personne il y a quelques années, mais nos gérants locaux nous ont donné un point de vue différent de la situation. La couverture médiatique importante des soulèvements populaires liés au « Printemps arabe » a entraîné la fuite de nombreux investisseurs internationaux. Toutefois, ceux qui se sont positionnés sur l’Égypte ou les Émirats arabes unis durant ces périodes sont désormais bien lotis, car ces marchés figurent aujourd’hui parmi les plus performants.
Plaidoyer en faveur des marchés émergents
Nous sommes tout à fait disposés à investir là où d’autres investisseurs refusent d’aller, par manque de volonté ou d’expertise, mais cela ne veut pas dire que nous sommes prêts à nous jeter sur la première opportunité. Nous appliquons d’abord un processus de « due diligence » pour les entreprises que nous pensons délaissées ou sous-évaluées parfois pour de mauvaises raisons. Si l’on examine les investissements en actions au cours des deux dernières années, on remarque qu’ils ont été positifs aux États-Unis et en Europe, mais largement négatifs sur les marchés émergents, actuellement délaissés. Les investisseurs ont souvent critiqué les marchés émergents ou fait la comparaison avec leurs homologues développés, mais cette approche est selon nous dépassée. Il est nécessaire d’adopter un regard nouveau sur le monde. Dans de nombreux cas, les marchés émergents se rapprochent de leurs homologues développés et il n’existe pas de définition précise permettant de distinguer les deux. Certains observateurs affirment en effet que des pays tels que la Corée du sud ou Taïwan appartiennent plutôt à la deuxième catégorie à de nombreux égards, et la forte croissance enregistrée par la Chine au cours des dernières décennies parle d’elle même. Dans les années 80, de nombreux investisseurs pensaient que les marchés émergents n’avaient pas d’importance, étaient inaccessibles ou incompréhensibles. Je pense qu’il serait mal avisé d’ignorer ces marchés aujourd’hui car ils représentent plus d’un tiers du PIB global et un pourcentage croissant de la capitalisation boursière mondiale. Les marchés émergents doivent constituer selon moi une part substantielle d’un portefeuille globalement diversifié et certains investisseurs devraient même commencer à s’intéresser aux marchés frontières au vu des opportunités potentielles.
Il est essentiel de voir le monde dans son ensemble et de ne pas faire de distinction entre pays émergents d’un côté et pays développés de l’autre. La domiciliation des sociétés n’est pas le seul facteur important, la source de leurs revenus compte également. Les sociétés des marchés émergents offrent certes une exposition à ces derniers, mais il est possible d’obtenir les mêmes résultats en misant sur les multinationales qui réalisent la majeure partie de leur chiffre d’affaires sur ces marchés. En outre, nous pensons que les petites capitalisations offrent une exposition plus directe aux économies locales et présentent donc un potentiel supérieur.
Une autre façon d’appréhender les marchés émergents est d’essayer d’identifier les moteurs de croissance. Les pays ou sociétés bénéficient-ils de la croissance mondiale, nationale, des matières premières ou d’autres facteurs ?
En bref, il est très difficile d’anticiper les mouvements des marchés et de toujours prendre les bonnes décisions. C’est pourquoi nous conseillons aux investisseurs d’élargir leur champ d’investissement et de passer outre la mécanique « d’appétit/aversion pour le risque » qui a dominé depuis la fin de la crise financière de 2008/2009. Toutefois, mieux vaut s’engager doucement plutôt que de changer soudainement de marché ou de classe d’actifs. Même si je ne peux absolument pas prédire comment les marchés se comporteront demain, je pense que la meilleure façon pour les investisseurs de perdre de l’argent est de passer d’un marché à un autre de manière trop brusque, de refuser d’investir à l’étranger et de suivre le troupeau.
Les commentaires, les opinions et les analyses de Stephen Dover sont fournis à titre d’information uniquement et ne constituent pas des conseils d’investissement individuels, des recommandations à investir dans un titre ou à adopter une stratégie d’investissement particulière. Les conditions économiques et de marché étant susceptibles d’évoluer rapidement, les commentaires, opinions et analyses sont valables à leur date de publication et peuvent changer sans préavis. Ce document ne constitue pas une analyse complète des faits relatifs aux divers pays, régions, marchés, secteurs, investissements ou stratégies cités.
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Quels sont les risques ?
Tout investissement comporte des risques, notamment celui de ne pas récupérer le capital investi. La valeur des investissements peut fluctuer à la baisse comme à la hausse et les investisseurs ne sont pas assurés de récupérer la totalité de leur mise initiale. Les cours des actions sont soumis à des fluctuations, parfois rapides et importantes, en raison de facteurs affectant les entreprises individuelles et certains secteurs ou sous-secteurs, ou du fait des conditions générales de marché. Les investissements à l’étranger comportent des risques spécifiques, comme les variations des taux de change, l’instabilité économique et l’évolution de la situation politique.
Investir dans les marchés émergents, y compris dans la sous-catégorie des marchés frontières, implique des risques accrus concernant ces mêmes facteurs, lesquels s’ajoutent aux risques liés à leur plus petite taille, à leur liquidité inférieure et à l’absence d’un cadre juridique, politique, commercial et social établi pour soutenir les marchés boursiers. Les risques liés à l’investissement dans les marchés frontières sont encore supérieurs à ceux associés aux marchés émergents en raison du développement moins avancé des structures précitées, ainsi que du potentiel de forte volatilité des prix, de la liquidité insuffisante, des barrières commerciales et des contrôles sur les taux de change.