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Les élections présidentielles compliquent les perspectives du marché américain

Les élections présidentielles américaines à venir rendent encore plus incertaines des perspectives des marchés mondiaux déjà brouillées par la pandémie de COVID-19. Dans cet extrait de nos perspectives semestrielles d’investissement mondiales, Sonal Desai, Stephen Dover, Michael Hasenstab et Ed Perks partagent leurs points de vue sur l’environnement d’investissement actuel, y compris les futures élections américaines et les perspectives économiques.

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Divers pronostiqueurs ont tenté de prédire le type de reprise économique susceptible de se concrétiser – un rebond brutal en forme de « V » à partir du creux, ou une reprise plus lente en forme de « U » ou de « L » qui maintiendrait les économies plus longtemps à de très bas niveaux. Dans une certaine mesure, la nature de la reprise observée dépendra du taux de croissance considéré, à savoir une croissance séquentielle ou une croissance annualisée en termes séquentiels. Nous nous en tenons pour le moment à notre scénario de référence, dans le cadre duquel une reprise assez marquée devrait être observée en termes annualisés en glissement trimestriel. Quelle que soit la lettre utilisée pour la décrire, je suis convaincue que nous pourrions assister à la reprise la plus fulgurante, et potentiellement la récession la plus courte, de l’histoire des États-Unis. Cela sonne désormais comme un cliché, mais nous vivons une situation inédite.

Les États-Unis traversent actuellement une période que je qualifierais d’intense remise en question, qui aurait dû prendre place il y a bien longtemps et dont ils ont grand besoin. Malheureusement, des épisodes comme celui-ci donnent également lieu à ce que j’appellerais de l’opportunisme politique. C’est bien ce que nous constatons de toutes parts. Au vu des événements plutôt tragiques survenus récemment aux États-Unis, et à l’approche du second semestre de l’année, nous devons être conscients que quatre mois nous séparent encore de la tenue des élections américaines. Si les sondages semblent donner une longueur d’avance aux Démocrates, beaucoup de choses peuvent changer d’ici là. N’oublions pas que l’économie était florissante il y a cinq mois.

Même en l’absence d’un raz-de-marée démocrate ou républicain en novembre, nous ne saurions trop insister sur le caractère incertain du futur programme politique. Nous obtiendrons au cours des prochains mois de plus amples détails concernant l’agenda politique des candidats démocrates à la présidence et à la vice-présidence, ce qui devrait nous aider à établir nos perspectives pour les différents secteurs. En cas de raz-de-marée républicain, les perspectives sont moins incertaines. Par ailleurs en l’absence d’une victoire écrasante, si le nouveau président n’est pas issu du parti majoritaire au Congrès, alors il sera difficile pour la nouvelle administration, quelle qu’elle soit, d’opérer un changement de cap politique.

Ainsi, pour mettre les choses en perspective, nous obtiendrons dans les prochains mois des informations bien plus détaillées sur les futurs programmes politiques et, à mesure que les sondages se préciseront, nous pourrons élaborer nos scénarios concernant la nature de l’impact sur le marché.

En résumé, il nous semble qu’il est temps d’agir comme des investisseurs actifs. À l’heure actuelle, aucun des actifs ne peut être selon nous associé à une recommandation d’achat unilatérale. Plus que jamais, il convient de faire preuve de sélectivité en termes de pays, de secteur, de classe d’actifs et au sein des différentes classes d’actifs, en termes de filière et d’entreprise. Dans le contexte actuel, nous ne saurions trop insister sur l’importance d’une recherche bottom-up approfondie et menée par des spécialistes compétents.

Les risques qui menacent les perspectives économiques sont en effet bien réels. Nos perspectives de référence supposent des réactions raisonnables, car nous envisageons des conclusions fondées sur des données, par opposition à de simples réactions instinctives.

La récente volatilité des marchés boursiers peut être imputée en grande partie à l’évolution des perspectives relatives aux contaminations par la COVID-19. La robustesse témoignée par les marchés actions face à la montée de l’incertitude sanitaire montre à mon sens que les investisseurs se préoccupent peut-être surtout des mesures prises par les banques de réserve et des relances budgétaires des gouvernements à l’échelle mondiale, en faisant largement fi des fondamentaux économiques et du degré d’incertitude élevé entourant la trajectoire de la pandémie. L’actualité relative au taux de contamination, aux vaccins potentiels et à l’identification de traitements plus efficaces pour soigner les malades continuera probablement de perturber les marchés.

La principale question qui se pose désormais est de savoir si les marchés boursiers poursuivront leur ascension, dopés par les mesures de relance monétaire et budgétaire, ou si un élément pourrait provoquer un retour en arrière. D’une manière générale, les phases de baisse des marchés se produisent dans un contexte de resserrement monétaire – une éventualité qui me paraît peu probable. Cette fois, des déceptions économiques liées aux anticipations d’une reprise vigoureuse en forme de « V » pourraient faire office de catalyseurs négatifs.  Plusieurs facteurs affectent actuellement les marchés, parmi lesquels le mouvement historique de contestation lié à l’injustice raciale et les prochaines élections américaines.

Les prises publiques de position d’un grand nombre d’entreprises contre l’injustice raciale et au sujet des besoins de la société m’ont véritablement fait chaud au cœur. Des mouvements sociaux laissés sans réponse peuvent affecter l’économie dans sa globalité. Accroître la diversité et l’équité ne peut être que bénéfique d’un point de vue économique et sociétal. Les entreprises seront plus que jamais impactées par leur engagement dans le domaine des questions de société. Un grand nombre, sinon la plupart, des entreprises publiques s’orientent vers un modèle de gestion responsable plus largement axé sur les parties prenantes. À mes yeux, l’investissement axé sur l’environnement, la société et la gouvernance (ESG) est appelé à devenir progressivement la norme, et de nombreux investisseurs cibleront les entreprises qui traitent ces questions avec le plus grand sérieux.

Les candidats à la présidence des États-Unis représentent deux des approches politiques les plus diamétralement opposées de ces dernières années, avec notamment des divergences sur le traitement politique de la reprise consécutive à la crise de la COVID-19, sur le système fiscal, sur le rôle du gouvernement en matière de santé, sur l’immigration et la main-d’œuvre, sur la nécessité ou non de lutter contre le changement climatique, et de quelle façon, et sur l’approche (unilatérale ou multilatérale) de la politique étrangère qu’il convient d’adopter.

L’élection du Congrès des États-Unis importe tout autant que l’identité du nouveau Président américain et le marché pourrait connaître un regain de volatilité à l’approche de ce scrutin. Les marchés n’ont pas encore intégré dans les cours l’éventualité d’une augmentation significative de l’impôt sur les revenus des capitaux mobiliers des particuliers, de l’impôt sur les sociétés et de nouvelles réglementations commerciales et environnementales si le parti démocrate remporte la présidence des États-Unis ainsi que la majorité au Congrès américain. Les entreprises et les secteurs qui ressortiraient gagnants en cas de victoire écrasante du parti démocrate bénéficieraient par ailleurs probablement d’une attention accrue.

L’une des principales tendances économiques à venir pourrait être la relocalisation des chaînes d’approvisionnement de façon à les rapprocher des pays développés, pour des raisons liées aux tensions commerciales, aux problématiques de souveraineté et à la diminution des écarts de coût. Je suis convaincu qu’un grand mouvement de retour aux États-Unis pourra être observé, en particulier dans la région du Midwest. La différence du coût de l’emploi entre une fabrication en Chine et une fabrication aux États-Unis s’est réduite de façon spectaculaire dans la mesure où le coût de l’emploi a progressé en Chine. Plus important encore, l’automatisation, la robotique, la baisse des coûts énergétiques et l’augmentation de la productivité outre-Atlantique plaident en faveur d’un retour des industries aux États-Unis.

La dépendance de l’économie américaine vis-à-vis du consommateur s’établit autour de 70 % aujourd’hui, et il se peut que nous revenions vers les niveaux des années 1960-1970, lorsque les dépenses industrielles (dépenses d’investissement) représentaient une part plus importante de l’économie. L’économie américaine serait alors beaucoup plus équilibrée.

S’il est probable qu’une vague d’optimisme tout à fait bienvenue déferle pendant les mois d’été, dans la mesure où les gens sortiront de chez eux pour profiter du soleil, dîner à l’extérieur, soutenir les entreprises qui ont rouvert et partir en vacances, les réalités de la crise économique actuelle, mais aussi de la crise sanitaire, resteront omniprésentes. Il y a quelques mois, il était espéré qu’une grande partie des demandes de prestations de chômage aux États-Unis ne seraient que temporaires, mais de nombreuses demandes temporaires (six mois) risquent de plus en plus de basculer en pertes d’emploi définitives alors que les entreprises ferment leurs portes pour la seconde fois ou deviennent insolvables. L’histoire montre qu’il faut des années pour que le chômage retrouve son niveau d’avant la crise – il a fallu plus de six ans après la crise financière mondiale de 2008.

L’état précaire du monde avant la pandémie de COVID-19 augmente encore la complexité de la crise actuelle. Face à l’escalade des risques géopolitiques et à la montée des tensions commerciales et des polarisations, les pays ont beaucoup de difficulté à rassembler la bonne volonté collective nécessaire pour relever les défis tant nationaux qu’internationaux. Aux États-Unis, une population de plus en plus divisée et un paysage politique polarisé ont sapé la culture de la cohésion et du compromis nécessaire à la résolution des problèmes critiques. Ce même phénomène de polarisation politique est observé partout dans le monde, ce qui n’aide absolument pas à concevoir des solutions collaboratives à la crise économique la plus profonde de l’après-guerre.

En outre, le mouvement de démondialisation déjà amorcé avant l’apparition de la pandémie devrait s’accélérer dans le cadre de la crise en cours. À l’heure où les pays attachent de plus en plus d’importance aux questions de santé, de sécurité nationale et autres problématiques domestiques, la mondialisation risque d’être encore plus rejetée. L’exacerbation des tensions commerciales entre les États-Unis et la Chine constitue une préoccupation majeure, mais elle n’est qu’un exemple parmi d’autres de la dégradation des relations commerciales dans le monde. Les mutations structurelles en faveur de la production nationale et des chaînes d’approvisionnement régionales auraient des implications majeures pour l’économie et les marchés financiers mondiaux.

Nous continuons de penser que pour sortir de la récession actuelle induite par la crise sanitaire, il faudra relever des défis d’échelle mondiale. L’économie américaine demeure toutefois plus dynamique que celle de nombreux autres pays, et le marché boursier des États-Unis a bénéficié du soutien rapide et indéfectible de la Réserve fédérale. Pour autant, l’économie et le marché américains n’en sont pas moins exposés à une deuxième vague de contamination par le coronavirus. Compte tenu des mesures de relance budgétaire et monétaire massives déjà appliquées, les marchés ont une vision optimiste de l’équilibre des risques et des opportunités.

Certaines entreprises sont particulièrement bien positionnées pour profiter de la transformation rapide des préférences des ménages et des entreprises constatée ces derniers mois. L’adoption accélérée de solutions technologiques permettant le travail à distance et de nouvelles façons de faire des affaires ont dopé la croissance de nombreuses entreprises du secteur des technologies. Ces transformations devraient perdurer même en cas d’essoufflement de leur moteur immédiat sous l’effet de l’atténuation de la menace sanitaire.

À mesure de la progression de la restructuration de l’économie, nous nous attendons à ce que de nouvelles entreprises prennent le relais des acteurs historiques qui ne rebondiront pas aussi rapidement, voire pas du tout. Il est néanmoins peu probable que la reprise soit complètement fluide et et toute remise en cause des hypothèses optimistes qui prévalent actuellement pourrait faire brutalement chuter la confiance des marchés.

Les élections qui se profilent aux États-Unis ajoutent encore à la complexité de la nécessaire prise de décisions concernant la perfusion d’aide publique dont bénéficient consommateurs particuliers et entreprises. Le climat politique très tendu qui règne aux États-Unis peut compliquer la mise en œuvre des mesures politiques à long terme dès lors que ces dernières confèrent un avantage à l’un ou à l’autre parti politique. Pour les investisseurs, le risque de voir les inégalités et le populisme se traduire par une augmentation des taux d’imposition et un durcissement de la surveillance réglementaire, en particulier dans des secteurs clés tels que la technologie, est par ailleurs plus important.

Nous pensons que les enjeux politiques joueront, pour le reste de l’année 2020, un rôle de plus en plus important dans les décisions d’investissement. Quoi qu’il en soit, la santé et les variables économiques connexes devraient l’emporter sur des considérations politiques traditionnelles et étriquées.

Quels sont les risques ?

Tout investissement comporte un risque, notamment celui de ne pas récupérer le capital investi. La valeur des investissements peut fluctuer à la baisse comme à la hausse et les investisseurs ne sont pas assurés de récupérer la totalité de leur mise initiale. Les prix des actions fluctuent, parfois rapidement et de façon spectaculaire, en raison de facteurs affectant des entreprises individuelles, des industries ou des secteurs particuliers ou des conditions générales du marché.

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